Article



                                                 Le sport, miroir de notre société ?


Le sport dans les sociétés contemporaines structure une part importante de la vie publique. Créateur d'événements, il occasionne des rassemblements de masse et des manifestations qui rythment le temps collectif. Depuis le début du XXème siècle, le sport est passé d'une pratique personnelle relevant du domaine des loisirs à un phénomène social d'une ampleur considérable en raison de l'engouement collectif (avec ou sans pratique sportive) qu'il suscite.
  Le sport permet la manifestation de passions individuelles et collectives ; il provoque chez les spectateurs des réactions de ferveur qui ne sont pas sans rappeler la fonction dionysiaque des festivités rituelles dans l'Antiquité. Le besoin de se réjouir ensemble, d'éprouver ensemble espoir et déception, de se sentir associé à une aventure collective, fédère un très large public au-delà même des supporters, compensant ainsi peut-être le recul des grandes fêtes religieuses du passé qui réunissaient périodiquement les communautés.
 Le sport est révélateur des règles et des modèles qu'une société essaie de se donner. Il propose des activités pratiquées dans le monde entier selon des règles identiques pour tous : il apparaît comme un vecteur d'intégration sociale en permettant à chacun de réussir selon ses talents personnels et crée des liens pacifiques entre les pays lors de compétitions qui suscitent un intérêt planétaire. Lieu d'apprentissage de la vie en société, mais aussi échappatoire possible aux pesanteurs sociales, lieu de réintégration, le sport offre des modèles physiques, façonne des modes vestimentaires, et influence fortement notre rapport à l'apparence et au corps. Il fait émerger des figures de héros, d'idoles ou d'aventuriers qui modèlent également notre représentation d'un certain idéal : goût de l'effort, maîtrise de soi, engagement, esprit d'équipe, valeurs traditionnelles de l'olympisme.
 Néanmoins, le sport nous renvoie l'image de certaines dérives. Enjeu d'intérêts économiques majeurs, le sport peut faire prévaloir le goût du spectacle sur toute autre finalité, au point d'ouvrir la porte à des tricheries diverses. Lieu de rassemblement, il peut aussi devenir lieu de débordements identitaires dégénérant en violence ouverte. Lieu de manifestation d'un enjeu national, le sport peut devenir nationaliste, et être instrumentalisé par les pouvoirs politiques et économiques de tous bords. Domaine de recherche et d'innovation, il peut conduire vers la manipulation des corps pour améliorer artificiellement les performances. Enfin, l'engagement physique lui-même est peut-être remis en cause par la multiplication des sports virtuels.
 Les débats actuels sur le sport offrent un reflet de nos espoirs et de nos peurs quant à l'avenir de notre société. Doit-on craindre que les problèmes rencontrés (relation à l'argent, dopage, violence, vedettariat douteux, etc.) révèlent la perte des valeurs sociales ou peut-on continuer de voir dans le sport une des formes positives que peuvent prendre les rapports humains ?
Indications bibliographiques :

  Ces indications ne constituent en aucun cas un programme de lectures. Elles constituent des pistes et des suggestions pour permettre à chaque enseignant de s’orienter dans la réflexion sur le thème et d’élaborer son projet pédagogique.

Comment le sport me rend plus forte

Faire du sport, augmenterait considérablement la fierté et le respect de soi. C'est en tout cas ce que révèle une étude menée en Europe par Nike et TNS sur plus de 10 000 femmes de 16 à 30 ans. Et oui, qui contredirait le bien-être ressenti après avoir perdu quelques kilos grâce au sport ? Mais le pouvoir de l'activité physique serait encore bien plus grand !
On connaissait les bienfaits du sport sur la santé et le mental. Cette nouvelle étude, révèle l'impact extraordinaire qu'a pu avoir le sport sur la vie de plus de 3 500 femmes interrogées. Pour approfondir ces conclusions et tenter de comprendre comment elles s'appliquent aux femmes d'aujourd'hui, quatre championnes sportives étaient venues partager leur expérience à l'occasion du lancement de la campagne Here I Am (me voilà !) de Nike : Delphine Delsalle (judo), Ingrid Graziani (boxe Française, en photo), Charlotte Consorti (kitesurf) et Anne-Sophie Le Parenthoen (natation). Toutes athlètes de haut niveau mais aussi des femmes ultra-féminines, et surtout, des filles dotées d'une sacrée personnalité !

Forte dans mon corps et dans ma tête

SportLa majorité des femmes fait d'abord du sport pour des raisons de santé et d'esthétique. Mais au-delà du bien-être physique, le sport apporte aussi une véritable force mentale.
73 % des femmes concernées affirment que la pratique d'un sport les rend émotionnellement plus fortes. Un point sur lequel toutes les championnes sont d'accord, encore plus lorsque l'activité sportive est pratiquée à haut niveau.
Le sport aide à se fixer des objectifs, à s'imposer une certaine rigueur et à se forger un mental d'acier grâce à la confiance en soi qu'on acquiert. Le sport est vécu comme une plus-value dans la vie de ces actives qui disent se relever plus facilement après un échec ou une épreuve douloureuse. L'activité sportive leur apprend à faire preuve de beaucoup plus de volonté et de détermination, si bien que, par exemple, elles appréhendent plus une reconversion professionnelle comme un défi que comme une épreuve.
Ingrid Graziani, qui vient juste de mettre un terme à sa carrière de boxeuse, souhaite devenir comédienne. Diplômée en Arts du Spectacle, celle qui était habituée à suivre les directives et les conseils d'un coach se retrouve désormais seule face à ce projet ambitieux. Loin d'être effrayée, la jolie brunette s'enthousiasme même de la difficulté de la tâche : "Il ne faut pas que tout soit trop facile. Quand c'est facile, ce n'est pas drôle, mois je préfère le challenge !".
Des propos qui illustrent parfaitement la confiance que les sportives ont en elles et le fait que rien ne leur semble insurmontable ou inaccessible, que ce soit dans le domaine familial, sentimental ou professionnel.

Forte et femme

Ce que les quatre sportives déplorent, c'est ce cliché de la femme culturiste à peine plus féminine qu'un routier texan. "Il faut arrêter de croire qu'il n'y a que le sport dans notre vie, on est femme avant tout", s'embrase Delphine Delsalle, championne de judo, du haut de son mètre soixante-deux et ses 54 kilos. D'ailleurs elle va devoir en perdre deux, des kilos, puisqu'elle combat dans la catégorie moins de 52. Mais elle ne s'inquiète pas "Deux kilos, c'est vite fait, je vais m'y mettre une semaine avant le début des championnats"...
La petite Corse aux yeux bleus et au caractère bien trempé poursuit : "C'est vrai qu'un kimono, ce n'est pas ce que l'on fait de plus sexy. Mais à part ça, j'aime m'habiller, me maquiller et me coiffer".
Et comme nous, elles ont des problèmes de femme, comme nous elles ont des peines de coeurs, comme nous elles peuvent pleurer pour une coupe ratée chez le coiffeur (ah non ? elles ne pleurent pas elles ?).
D'ailleurs, Ingrid Graziani, avant de percer dans le métier de comédienne, s'est temporairement convertie au mannequinat. Charlotte Consorti et Anne-Sophie Le Parenthoen ne sont pas en reste. La première semble filer le parfait amour avec son kitesurfer de boyfriend, et la seconde ne paraît même pas 25 ans alors qu'elle en a 30... Allez hop, on file à la piscine !

                                Sport et politique

Article paru dans le No Pasaran de décembre 1999

Le sport n’a rien à voir avec la politique ! Vraiment ? La neutralité du sport relève du mythe. Cette foi dans une prétendue autonomie a la vie dure. Ses chantres défendent la conception d’un sport pur, vecteur d’amitié entre les peuples, une entité qui se placerait au dessus des Etats, des conflits, des haines. A ce sujet, Fréderic Baillette constatait : "le sport est trés souvent présenté par ses laudateurs et ses défenseurs comme un fait universel, un invariant culturel(1)". L’angélisme qui consiste à appréhender le sport comme un donnée atemporelle nie sa genèse.

Dès la fin du XIXème siècle, certains individus, partis ou Etats utilisent le sport pour conforter ou développer leurs conceptions politiques et idéologiques.
Le baron Pierre de Coubertin voyait dans la restauration des Jeux Olympiques en 1896 un moyen de mettre en pratique ses conceptions très aristocratiques de la société et ses positions nationalistes (5). Au fil des années, les Jeux Olympiques prennent de plus en plus d’importance. Dans la société européenne de l’entre-deux-guerres, le sport devient un enjeu de tout premier plan. Comme le souligne Stefano Pivato : "des partis politiques, des mouvements d’opinion y voient très tôt un instrument permettant surtout l’adhésion des jeunes".
A partir de 1919, on peut dire que le sport devient partie-prenante des relations diplomatiques. Il s’enracine dans les stratégies politiques des Etats. Pierre et Lionel Arnaud notent dans Les premiers boycottages de l’histoire du sport : (6)"Pour la première fois, les Etats et les gouvernements sont tentés d’utiliser le sport à des fins extra-sportives au lendemain de la première guerre mondiale. Le sport devient une vitrine de la vitalité et de la grandeur des nations et, à ce titre , est promu par les hommes politiques comme instrument de propagande". Ainsi en 1919 ont lieu les Jeux Inter-Alliés (et non pas les J.O.). Dans le début des années 20, les rencontres sportives voient s’affronter les nations ayant gagné la Grande guerre. les Allemands, leurs alliés, les pays neutres ainsi que l’URSS en sont exclus. En France, c’est le ministère des affaires étrangères qui dirige la politique sportive.